04 décembre 2024 — Communiqué de presse

Les flottes certifiées MSC pillent les stocks de sprats

Parce que la pêcherie industrielle danoise et suédoise pille à grande échelle les stocks de sprats en voie d’effondrement en mer du Nord afin de produire de la farine de poisson, le WWF fait opposition à sa nouvelle certification MSC.  

•    Des défauts structurels du référentiel MSC permettent la pêche dans une aire marine protégée, et ce malgré des conséquences considérables pour l’environnement. 
•    WWF: «MSC doit prendre son propre référentiel au sérieux et protéger les espèces importantes d’un point de vue écologique.» 

Le WWF critique la certification annoncée, par MSC, d’une pêcherie industrielle en mer du Nord dont la finalité est la production de farine de poisson, et a formellement fait opposition contre cette décision. L’organisation de protection de la nature estime en effet que ce cas révèle des défauts structurels et une interprétation erronée du référentiel MSC, ce qui pourrait avoir des conséquences négatives sur la biodiversité en mer du Nord. La pêcherie danoise et suédoise au lançon, au sprat et au tacaud a déjà été certifiée une fois par MSC, mais sous réserve d’améliorations. La certification a expiré au bout de cinq ans, sans que les exigences qui devaient empêcher une pêche excessive aient été satisfaites. Après deux ans de pause, la pêcherie concernée réintègre le programme MSC pour cinq ans, avec les mêmes conditions d’amélioration qu’avant.    

Citations de Catherine Vogler, experte en matière de pêche au WWF Suisse:    

«Cette approche douteuse révèle de grandes lacunes dans le référentiel MSC: la flotte de pêche en question doit recevoir le label MSC bien qu’elle exploite des stocks de sprats qui se sont entretemps effondrés, et qu’elle travaille avec des chaluts dans des aires marines protégées. De plus, la pêcherie n'a pas fait ses preuves au cours des sept dernières années. Tout cela ne mérite pas un certificat de durabilité.»

«Il est incompréhensible que le référentiel MSC ne tienne pas compte du fait qu'une pêcherie opère dans des aires marines protégées, où les exigences en matière de respect de l'environnement devraient être particulièrement élevées. Cette contradiction nuit à la crédibilité du label.» 
 

La protection des espèces de poissons vivant en bancs est inscrite dans les principes du référentiel MSC, car celles-ci jouent un rôle écologique important à la base des écosystèmes marins. Comme le référentiel n’a pas été appliqué correctement dans ce cas, la pêcherie peut prélever beaucoup plus de lançons et de sprats que ce que l’écosystème est en mesure de tolérer. Les bancs de petits poissons sont une source de nourriture importante pour les grands poissons prédateurs comme le cabillaud, mais aussi pour les marsouins, les phoques et les oiseaux marins. Si les lançons et les sprats sont surpêchés, la biodiversité marine de la mer du Nord en fait les frais. La flotte puise 200 000 tonnes de poissons dans l'écosystème de la mer du Nord, qui sont ensuite utilisés pour nourrir le saumon d'élevage, plus tard vendu dans les supermarchés. Les consommatrices et les consommateurs suisses retrouvent donc aussi les produits de cette pêche dans leurs assiettes.

Le WWF demande à MSC de protéger les espèces de petits poissons importantes pour l’écologie marine, pas seulement sur le papier, mais aussi dans la pratique. Par ailleurs, il appelle MSC à inscrire la protection des aires marines protégées dans son référentiel. Les flottes concernées doivent d’abord satisfaire aux exigences formulées il y a sept ans avant d’être prises en compte pour une nouvelle certification. 
 

Contact: Sophie Sandoz, chargée de communication au WWF Suisse, 021 966 73 71, sophie.sandoz@wwf.ch

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Encadré: Comment le WWF perçoit-il le label MSC?    

D’un point de vue écologique, MSC est actuellement le label le plus sévère pour les poissons sauvages vendus sur le marché. Le WWF considère toutefois que le référentiel MSC a de sérieuses lacunes. Le nombre croissant d’oppositions à des certifications MSC déposées par l’organisation de protection de la nature ainsi que les appels à améliorer le référentiel en sont la preuve. Compte tenu de la pression croissante sur les mers et les océans, MSC doit garantir que son référentiel reflète l’état actuel des connaissances scientifiques et les meilleures pratiques disponibles au niveau mondial. Le WWF attend de MSC qu’il remédie à ses lacunes en appliquant strictement ses propres directives et en les améliorant rapidement où cela est nécessaire. Le WWF continue à s’engager pour que cet objectif soit réalisé.