Loup - Un prédateur social
Le loup a besoin de place: dans la nature et dans nos esprits
De la légende du loup-garou, au Petit Chaperon Rouge, en passant par Le Loup et les Sept Chevreaux: le loup est souvent présenté dans les contes comme un prédateur méchant et sournois. Il stimule notre imagination et habite nos cauchemars. Mais il est essentiel de faire la distinction entre fable et réalité.
Les loups sont des animaux sociaux qui vivent en meutes et entretiennent des liens forts. En Europe, les meutes de loups se composent généralement des parents et de leurs petits, ainsi que de la progéniture de l'année précédente. Ces jeunes ne quittent le groupe que lorsqu'ils ont atteint la maturité sexuelle.
Chaque meute possède un territoire. Le loup chasse principalement des chevreuils, des chamois, des cerfs, des sangliers, et des élans. Il lui arrive aussi de se nourrir de petits mammifères, d'insectes, d'oiseaux, de reptiles, de fruits, et de charognes. Les loups chassent ce qu'ils peuvent capturer le plus facilement possible. En abattant essentiellement des animaux malades ou faibles, ils contribuent à l'équilibre des populations de gibier.
Toutefois, les loups s'en prennent également aux animaux d'élevage, tels que les moutons et les chèvres, lorsque ceux-ci ne sont pas protégés. Ils en tuent environ 200 par an. A titre de comparaison: près de 4000 moutons meurent chaque année de maladies ou de chutes, en raison d'un manque de surveillance.
Nous luttons pour assurer la survie à long terme du loup en Suisse. Pour garantir la cohabitation pacifique des hommes et des grands prédateurs, il est impératif de protéger les moutons et les chèvres durant l'estivage dans les Alpes: c'est l'une de nos missions.
Le retour du concurrent
Hier comme aujourd'hui, le loup est en concurrence avec l'homme. Après l'extermination de ce prédateur vers la fin du 19e siècle, les premiers loups reviennent désormais dans leur habitat d'origine.
Repoussé et chassé
L'exploitation des Alpes a atteint son apogée au 19e siècle. A cette époque, de nombreuses forêts de montagne on été altérées par la création de pâturages boisés et par la surexploitation des réserves de bois. La chasse non réglementée a entraîné la disparition des proies du loup, ce qui l'a contraint à se nourrir de plus en plus souvent d'animaux domestiques. A coups de poison et de carabine, l'homme a finalement entraîné l'extermination du loup vers la fin du 19e siècle.
Le plus grand ennemi
Le loup est souvent perçu comme un rival. Il lui arrive de s'attaquer à des animaux d'élevage (principalement des moutons non protégés). Du fait de l'absence de ces grands prédateurs, il n'était plus nécessaire de surveiller les troupeaux d'élevage depuis très longtemps. Depuis, les méthodes de protection efficaces ont été oubliées.
Si ce savoir-faire est aujourd'hui à nouveau disponible, il tarde à être appliqué. Les politiques cherchent de plus en plus à résoudre le problème par les armes. Pourtant, les tirs de prédateurs ne réduisent les attaques d'animaux domestiques que dans un tiers des cas, et uniquement temporairement.
La cohabitation est possible
Depuis la première arrivée de loups en Suisse, le WWF promeut la cohabitation pacifique entre l'homme et l'animal.
Pour redonner un territoire au loup en Suisse, nous luttons pour l'application de mesures préventives, telles que le soutien dans la protection des troupeaux. Lorsque le financement de la Confédération est considéré insuffisant, et que des dépenses exceptionnelles sont nécessaires pour assurer la protection à long terme des troupeaux, nous offrons également une aide financière. Il peut s'agir par exemple de la mise en place de cabanes de bergers ou de l'achat de matériel de clôtures. Notre objectif est que la protection des troupeaux dans l'espace alpin devienne la norme.
Aujourd'hui, les 250 000 moutons en estivage ne sont surveillés que par 300 chiens de bergers. Autrement dit, seule une fraction du potentiel de protection des troupeaux est utilisée. Cette méthode est efficace, mais elle entraîne des dépenses supplémentaires pour les détenteurs de bétail. Pour soutenir les bergers, nous avons élaboré avec succès le projet d'aide bénévole aux bergers, qui a été confié à l’Association pour une exploitation écologique et sûre des régions alpines (VösA). Nous cherchons aussi à éviter tout conflit en fournissant des conseils aux randonneurs et aux vététistes.
A ce jour, le loup est menacé dans l'espace alpin transfrontalier. Tant que cette situation n'aura pas évolué, le WWF maintiendra son engagement pour la protection de l'espèce - un engagement transnational et coordonné dans le cadre du Programme alpin. Nous agissons également au niveau politique pour la protection du loup.
Des solutions existent
Chiens de protection des troupeaux, aide bénévole aux bergers, et travail de sensibilisation: nous agissons pour que le loup puisse retrouver une place dans sa patrie d'origine.