6 étapes vers une agriculture plus résistante
Moins la situation internationale est stable, et plus pressante est la question de la sécurité alimentaire et de l’autoapprovisionnement en Suisse. Les craintes sont grandes, les incertitudes également. Au lieu d’alimenter les mythes, nous préférons donner la parole aux chiffres. Découvrez nos six graphiques sur le thème de la sécurité alimentaire.
L’agriculture a pour mission de veiller à ce que l’approvisionnement alimentaire de la population soit sûr. C’est du moins ce que stipule la Constitution. Le fait est que notre consommation actuelle ne pourra jamais être couverte en totalité par la production indigène. En prenant les bonnes mesures, nous pouvons toutefois atteindre un taux d’autosuffisance de près de 80%. Cela nous permettrait d’avoir suffisamment à manger, indépendamment de la situation politique et économique internationale. Suivez-nous dans ce voyage chiffré à travers les étables, les champs et les prairies de Suisse.
1. Diversité des espèces, pas seulement dans les prés
Moins un écosystème compte d’espèces différentes et plus il est fragile. En Suisse, la biodiversité s’amenuise sans discontinuer depuis des années et l’agriculture est l’un des facteurs responsables de cette évolution. En effet, l’utilisation intensive des pesticides et des engrais épuise nos terres arables. Il est donc d’autant plus important d’encourager activement la biodiversité. Pour cela, il faut varier davantage les cultures et réserver des surfaces pour la biodiversité. Celles et ceux qui s’inquiètent de la sécurité alimentaire jugent souvent ces surfaces de réserve comme de l’espace gaspillé. Les données à disposition montrent pourtant que moins d’un pour cent de toutes les terres cultivables sont utilisées à cette fin. C’est un paradoxe, puisque le secteur profite directement d’une biodiversité intacte. Le nombre d’insectes pollinisateurs et d’autres organismes utiles est positif pour les rendements agricoles.
Graphique: moins d’un pour cent de toutes les terres cultivables sont utilisées pour promouvoir la biodiversité en Suisse.
2. Davantage de terres cultivables pour l’alimentation humaine
Seuls 40% des terres cultivables servent directement à la production de denrées destinées aux êtres humains. Le reste est utilisé pour produire du fourrage pour le bétail. Le rendement sous forme de denrées destinées à l’alimentation humaine représente au maximum 20% des denrées directement comestibles que la même surface aurait permis de produire, par exemple des pommes de terre. Le degré d’autoapprovisionnement de la Suisse, c’est-à-dire la part des denrées produites sur son sol, pourrait augmenter simplement si la surface allouée à la production de plantes directement comestibles était accrue au détriment de la production de fourrage.
Graphique: Depuis des années, notre taux d'autosuffisance en matière de denrées alimentaires végétales n'est que d'environ 40%.
3. Moins d’animaux de rente, moins de dépendance
La sécurité alimentaire implique aussi une réduction de la dépendance vis-à-vis de l’étranger pour ce qui est de notre approvisionnement en fourrage. Actuellement, ce sont surtout les porcs et les poules qui consomment de grandes quantités d’aliments importés. Si nous réduisons notre consommation de produits d’origine animale conformément aux recommandations de santé et que nous détenons moins de porcs et de poules, nous serons forcément moins dépendants de l’étranger.
Graphique: les porcs et les poules mangent surtout des aliments importés.
4. Engrais et semences «made in Switzerland»
Les engrais minéraux sont entièrement importés de pays tels que l’Allemagne ou la Russie. Une production sans ces adjuvants serait pourtant possible. La légère diminution des rendements serait supportable si, parallèlement, la production de fourrage diminuait (voir point 3). Fait particulièrement intéressant: en intégrant davantage de légumineuses telles que les lentilles et les haricots dans la rotation des cultures, on ne produirait pas seulement plus pour les êtres humains, mais on pourrait aussi économiser de l’engrais. En effet, les légumineuses fixent l’azote dans le sol et encouragent la fertilité des terres. Nous y gagnerions donc sur tous les plans!
En ce qui concerne les semences, plus nous en produisons nous-mêmes et moins notre agriculture est dépendante de l’étranger. Il serait bon que nous développions la sélection des plantes et les banques de graines indépendantes. Ces précautions seraient également judicieuses pour faire face à la crise climatique, qui induit des changements nécessitant de recourir à des variétés locales plus résistantes.
Graphique: la Suisse importe 100% des engrais minéraux qu’elle utilise.
5. Plus de pommes de terre, moins de betteraves sucrières
A l’heure actuelle, le degré d’autoapprovisionnement est uniquement estimé en fonction de la quantité de calories qui sont produites en regard de la consommation totale. Le point décisif pour une alimentation équilibrée n’est toutefois pas seulement le nombre, mais aussi la composition des calories que nous absorbons, c’est-à-dire la part de glucides, de protéines et de graisses qui s’y trouve. Seul, le degré d’autoapprovisionnement n’est donc pas un bon indicateur de la sécurité alimentaire.
Nous produisons par exemple suffisamment de sucre pour couvrir les besoins recommandés de 16 millions de personnes. La production de pommes de terre actuelle ne nous permet en revanche pas de couvrir les besoins en amidon de la population suisse. Une production axée sur les besoins réels de notre organisme améliorerait la sécurité alimentaire. Pour l’avenir, il faudrait donc davantage miser sur les pommes de terre que sur les betteraves sucrières.
Graphique: ce que la Suisse produit et ce que l’Organisation mondiale de la santé recommande de manger.
6. Enfin, réduire la consommation d’énergies fossiles
La Suisse n’a pas de gisements naturels de pétrole ou de gaz. L’agriculture en utilise pourtant des quantités considérables, notamment parce que les machines utilisées sont de plus en plus lourdes. Pour maintenir la productivité en temps de crise, il est nécessaire de remplacer progressivement l’énergie consommée dans l’agriculture par des sources renouvelables. Avec leur surface généreuse, les toits des fermes conviennent particulièrement bien à la production d’électricité solaire.
Graphique: l'agriculture continue de consommer beaucoup d'énergies fossiles. L'énergie directe est le diesel, l'essence, le gaz, le mazout ou l'électricité, par exemple pour propulser les tracteurs et les motofaucheuses. L'énergie indirecte ou grise est utilisée pour la construction, l'entretien et l'élimination des infrastructures.
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